Une fois n’est pas coutume, la surprise n’est pas venue des annonces de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Alors que l’institution se réunissait mercredi 15 avril, à Francfort, une jeune femme a sauté sur la table devant M. Draghi, en pleine conférence de presse. Tout en lançant des confettis au visage de l’Italien, elle a hurlé : « Arrêtez la dictature de la BCE ! »

Surpris, ce dernier a repris son intervention après quelques minutes d’interruption. Si la BCE a gardé son principal taux directeur inchangé, à 0,05 %, son président a amplement commenté le programme d’assouplissement quantitatif (Quantitative easing en anglais, ou « QE »), lancé le 9 mars.

Celui-ci consiste en des rachats massifs d’obligations souveraines de la zone euro, visant à pousser le cours de la monnaie unique à la baisse, à maintenir des coûts de financement bas pour les Etats, et à relancer le crédit aux ménages et PME. Alors que certains analystes en doutaient, l’institution a tenu ses objectifs en la matière, en rachetant pour 60 milliards d’euros de dettes publiques en un mois.

« Il est clair que les mesures de politique monétaire que nous avons mises en place sont efficaces », s’est félicité M. Draghi, évoquant les premiers succès du QE. De fait, l’euro a baissé de plus de 20 % face au dollar depuis septembre, les bourses européennes battent des records, et le crédit aux entreprises donne des signes de redémarrage.

L’Italien s’est également dit « surpris » des spéculations courant ces derniers jours sur un arrêt prématuré des rachats de dettes, du fait du frémissement observé du côté de la reprise européenne. C’est un peu comme « se demander au bout d’un kilomètre si le marathon est bientôt fini », a-t-il commenté.